Aɣlan système d'irrigation
Aɣlan ⴰⵖⵍⴰⵏ
Comment est-ce que et dans quelles conditions le système d'irrigation " Aɣlan " avait-il disparu dans le Mẓab ?
La question aux historiens et au public de culture.
Selon ma première enquête, bien que les sens donnés par les variantes du Mzab et de Figuig sont quasiment identiques, la variante de Figuig est celle ayant exploité productivement et mieux le nom aƔlan. Les variantes du Haut Atlas, de Djerba, de la vallée de M’goun et du Sud-Est marocain s’entendent mieux entre elles du point de vue sémantique. Je cite :
- Mzab : aƔlan (pluriel non attesté) « pays (natal), patrie, bled ».
- Haut Atlas (Maroc), aƔlan (plur. iƔlan) « canal d’irrigation (à ciel ouvert) qui, à la fois, sert de conduit amenant et évacuant l’eau. L’utilité de aƔlan consiste à détourner une partie de l’eau de targa/tarğa (n waman) de son cours habituel vers les espaces à irriguer par submersion ».
- Figuig : aƔlan « patrie, nation », taƔla « oasis, palmeraie », aƔlaway « oasien », imeƔlan (au pluriel) « nationalistes, patriotiques, combattants, résistants ».
- Djerba : aƔlan (plur. iƔlanen) « canal, rigole d’irrigation ».
- Vallée de M’goun, Maroc : aƔlan « canal d’irrigation, conduit creusé qui amène et évacue l’eau ».
- Sud-Est marocain : aɣlan « ensemble de rameaux se détachant de la rigole principale (targa) ».
Je fais remarquer que la région de Figuig atteste le nom aƔlan qui renvoie aux sens de « patrie, nation », sachant que, contrairement au Mzab, dans cette dernière région, le pluriel iƔulan est attesté dans l’usage. Par ailleurs, le dérivé en m-, à savoir imeƔlan « nationalistes, patriotiques et, par extension, combattants », est peut-être le seul cas de l’ensemble linguistique amazighe.
J'ai été conduit à penser qu'il se peut que la vallée du Mzab (IƔzer Mẓab) ait été à un moment donné de l’histoire irriguée grâce au système aƔlan, ce qui conduisait les At Mẓab à la dénommer ainsi. Dans cette hypothèse, quelles seront les causes ayant conduit à abandonner dans le temps un tel signifié au point qu’il ne se manifeste de nos jours que sous forme d’un toponyme, sachant qu’un tel canal d’irrigation pose problème de gaspillage d’eau ? Est-ce l’on peut dire que son utilisation fut par exemple tributaire des périodes de crue ?
Dans son intervention intitulée « Remarques sur l’histoire urbaine et sociale de l’oued Mizab », Slimane Daoud Ben Youcef, sans donner une référence, écrit (le texte est en langue arabe): « … On appelle la région « Aghlan » (en faisant allusion à la région du Mzab) qui veut dire le lit de l’oued, et Taɣerdayt en langue berbère est un endroit occupé d’une rigole provenant d’aghlan… ». Puis le même auteur poursuit en écrivant : « … Et le mot aghlan et taɣerdayt avec ce sens est encore utilisé au Maroc et en Libye, même le savant vénéré Abou Bakr ben Al-Arbi fut circoncis à Aghlan, près de Fès… ». Dans ce récit portant sur la région du Mzab, je puis relever les constats suivants:
1- Le nom propre AƔlan renvoie au sens de « lit de l’oued ».
2- Le toponyme TaƔerdayt est mis en relation avec une rigole provenant d’aghlan, c’est-à-dire (selon l’auteur) du lit de l’oued (Mzab ?).
3- L’auteur dénote indirectement que le nom aƔlan est d’origine hydronymique.
4- Il évoque l’existence du mot « aƔlan » au Maroc et en Libye avec le même sens.
5- L’auteur confirme l’existence d’un agherm (cité fortifiée) du nom d’Aghlan, près de Fès. Cela me conduit à conclure que Aghlan (près de Fès) devait dater de l’époque du savant Abou Bakr ben Al-Arbi.
6- Ceci étant donné, je suppose que dans le Mzab le substantif aƔlan est à l’origine un hydronyme désignant un élément qui fait partie du système d’irrigation traditionnelle et obéissant à une hiérarchisation.
Ceci étant donné, je suis conduit à conclure que le toponyme AƔlan, dans le sens de « rigole, canal » se concorde avec les substantifs renvoyant aux derniers sens.
Pour ne pas conclure, l’unité lexicale aƔlan doit avoir une loi selon la fonction de chaque élément qui soit conditionné par son entourage et par la position qu’il occupe dans le mot. Au stade actuel, je songe à une racine de forme [гLN] ou [гL]. Dans le domaine portant sur la recherche de l’étymologie d’un nom tel que celui d'aƔlan, on peut parler de résultats définitifs, mais guère de point de vue définitif. Les résultats définitifs, absents de nos jours, sauront venir avec le développement des recherches actuelles et à venir.
Il doit y avoir une loi selon la fonction de chaque élément est conditionnée par son entourage et par la position qu’il occupe dans le mot. Ici, le /n/ final de aɣlan est contaminé par le /l/ (aɣlal) pour finir à se prononcer /l/. Comme le système des signes peut être soumis à l’arbitraire de l’usage de la langue et puisque le sentiment de la langue ne peut pas être déterminé comme cela se fait en mathématiques, il est clair qu’on ne peut pas, comme pour les influences phonétiques des sons, pouvoir établir des lois strictes et applicables à l’ensemble linguistique. Sommes-nous dans la logique de songer au fait que la situation de l’Amazighe n’est pas suffisamment analysée au plan de la psychologie phonétique ?
N.B.: Je m'excuse de ne pas avoir eu le temps d'arranger mon écrit.
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