Vie Culturelle

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Une culture qui ne s’actualise pas s’anachronise, pour prendre à coup sûr le chemin qui mène tout droit à la disparition. La diversité, l’expression de soi, la transformation et la prospérité sont le résultat de la vitalité culturelle. La diversité culturelle est autant précieuse que la biodiversité. Dans le Mzab, même si elle est basée sur l’oralité, toute une vie littéraire et culturelle a toujours existé. A présent, le patrimoine immatériel est aussi attesté par un grand fond de manuscrits portant sur les divers domaines historique, linguistique, religieux, juridique, social… et littéraire. Cette multi-richesse avait vite attiré l’attention des européens qui l’ont exploitée dans beaucoup de recherches interdisciplinaires.

La culture dans le Mzab est l'expression la plus profonde de ses richesses. Chaque période historique a laissé une masse de savoir-faire et de connaissances qui ne cessent d'évoluer de génération en génération. Quant aux générations actuelles, il est constructivement de leur devoir de penser à la préservation et à la mise en valeur de tout l'ensemble culturel du Mzab et ce, sous ses différents aspects d'expressions poétiques, techniques… et artistiques. L’emprise sociale de la culture populaire est une réalité nationale et un habitus légitime. L’avenir des At Mzab dépend diamétralement et plus que jamais du rapport de ces derniers aux éléments constitutifs de leur langue et de leur culture amazighe qui sont en symbiose avec leur religion universelle.

Le grand inventaire des contes (tinfas, en amazighe du Mzab) populaires oraux qui, dans une étape ultime, continue de résister à la disparition, nécessite une sauvegarde écrite. Le conte traditionnel se situe en effet à l'articulation de deux types de sociétés, l'une traditionnelle, et l'autre en devenir. C’est un inventaire qui offre un menu varié au plan thématique et selon des typologies variables. Dans un schéma simplifié, les récits peuvent être classés selon trois catégories :

1. Les légendes inspirées des textes sacrés, mais bien adaptés aux réalités géographiques, culturelles, sociales… et économiques.

2. Les récits issus de la région du Mzab et traitant de thèmes spécifiques à cette dernière.

3. les récits inspirés d’œuvres connues et faisant partie des autres cultures (comme « Mille et Une Nuit ») sans rapport avec les réalités historiques de la région.

En excluant les récits de la 1ère catégorie, les autres se manifestent an ayant les caractéristiques suivantes :

§ Du point de vue contenu, les récits narrés sont courts et, des fois, bien très courts (anecdotiques et légendaires).

§ L’anecdote fait relater la genèse d’un adage ou justifier une légende.

§ Le héros est toujours un personnage humble : une veuve, un(e) orphelin(e), une personne pieuse, une fille, etc...

§ Faisant partie de l’oralité, le conte reste malléable (il y a à remarquer que des détails apparaissent et disparaissent d’un conteur à l’autre).

§ Le conte traditionnel n’a pas de propriétaire, il relève du monde des conteuses, et fait partie au fond du patrimoine populaire.

§ Un bon nombre de contes ne connait pas de titres. On fait remarquer que le titre correspond dans la plus part des cas au nom du héros ou à une formule consacrée.

§ Le conte oral est véhiculé par le genre féminin à la veillée.

§ Contrairement aux domaines artistiques tels le chant et la danse, le conte populaire est toléré par les hommes de pieux.

§ Des contes narrés dans le Mzab ont, comme au reste de Tamazgha, leurs versions dans la tradition méditerranéenne.

L’expression orale est le trait marquant des différentes productions intellectuelles et artistiques nées dans le Mzab. Malgré que l’ancien patrimoine culturel véhiculé par la tradition orale (contes, adages, poèmes, proverbes, chants ou toute autre forme d’expression) recèle bien une richesse intellectuelle, morale et artistique d’une grande valeur, tout s’est passé comme si, pour les lettrés (en langue arabe), seule la chose religieuse mérite le soin d’être écrite. Aujourd’hui, on peut dire que le passage d’une production culturelle orale à celle écrite a été marqué par la création du conseil de Tumzabt dans les années 1980 auquel ont pris part des hommes déterminés. Ces sont ces hommes qui ont marqué les tous débuts du passage de la langue amazighe dans le Mzab du stade de l’oral à l’écrit. A présent, le Mzab compte des dizaines d’homme ayant produit des centaines de poèmes et de proses. Le nombre de poètes ne cesse d’augmenter depuis notamment les années 1990, et des recueils de poèmes sont aujourd’hui publiés. Par ailleurs, l'introduction de l'enseignement de tamazight dans le Mzab, qui avait connu ses débuts vers le début des années 1990 au sein de l'institut "El-Islah" de Tagherdayt où a été introduites la matière langue et la littérature tumzabt, a tout particulièrement permis de contribuer à marquer le passage de l’oralité à l’écriture. Et cet enseignement qui résiste à toutes les tentations d’étouffement, dure jusqu’à nos jours.

Par ailleurs, depuis les années 1980, des étudiants du Mzab ont pris l’initiative de prendre en charge leur langue-culture en animant des expositions culturelles aux universités et au sein des associations dont la plus renommée est l’association Bergan pour la protection de l’environnement et la sauvegarde du patrimoine culturel. Dans cette optique, et suite à une demande destinée au HCA, il y avait du 22 au 24 mars 2000 l’organisation par le mouvement associatif, sous l’égide du HCA, de la deuxième édition du Festival de la poésie amazighe à Bergan.

Dans ce temps, deux revues ont été animés (revues Tifawt et Izmulen). Quant aux mass médias, outre la présence de tumzabt à la chaîne 2, la chaîne de Ghardaia, depuis sa création, consacre de manière subalterne un certain temps très insuffisant pour diverses émissions en langue amazighe du Mzab.

 

Par Hammou DABOUZ

 

PUBLIÉ PAR NAT MZAB

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