Haouache Abderrahmane
Abderrahmane HOUACHE
Abderrahmane HOUACHE est né présumé en 1928 à Tagherdayt (Ghardaia) et il a grandi à Sougueur où son père était commerçant. C’est à l’école française de cette ville qu’il entamera ses études et qu’il décrochera son Certificat d’Etudes Primaires avant de regagner sa ville natale. Il poursuivra son enseignement à l’école française où il obtiendra, pour la 2ème fois, le Certificat d’Etudes Primaires consacré aux indigènes. En parallèle, il est inscrit dans l’école libre « El-Islah ».
Son père prend la décision de l’orienter vers l’institut « El-Hayat » de Guerrara (Wilaya de Ghardaïa) pour suivre des études en théologie. Durant une année et demie, il apprendra à réciter le Coran et il rejoindra, par la suite, le cercle de « Irwan ».
Trois ans après, en 1948, il entamera sa vie professionnelle dans le commerce à Tihert (Tiaret) où il sera élu, en dépit de son jeune âge, comme président des commerçants Mozabites exerçant à Tiaret.
En 1979, il est nommé directeur de l’institut « El-Islah » (progressiste) de Ghardaïa. Poste qu’il occupera pendant 20 ans, réussissant à améliorer et les conditions d’enseignement et le niveau des élèves.
Au début des années 1980, il est désigné membre du conseil des « آazzaba » (taâezzabt) pour une durée de 15 ans.
Par la suite, il décide de mettre fin à ses activités dans ledit conseil aussi bien que dans l’institut « El-Islah », pour se consacrer pleinement aux travaux de recherche sur la langue et l’histoire amazighes.
A l’âge de 78 ans, Abderrahmane Houache est encore très dynamique. C’est un homme nourri d’une conscience aussi bien culturelle que cultuelle.
A Ba-Abderrahmane N At Mẓab
Il est difficilement acceptable que je doive parler dorénavant de toi, Ba-Abderrahmane au passé ! " Pour qui j'entreprends tout ceci ? " (*), tu m'avais à maintes reprises révélé cela, Ba-Abderrahmane, comme si tu regrettais quelque part le désintérêt de tant de tes concitoyens du Mzab et d'ailleurs à l'égard de leur langue maternelle, Tamazight.
Mon âme est triste et mon cœur bien douloureux. Je suis plus qu'affligé ! Les mots n’y pourront plus rien. Je garde de toi que de meilleurs souvenirs, tu étais l'homme qui prônait la pensée et le savoir, l'esprit d'analyse et de critique, l'esprit libre et d'ouverture. Je me rappelle de ta perspicacité, de ton ouverture, de ta vision épistémologique ainsi que de ton jeune et indéfectible esprit, cela en dépit de ton âge avancé. Je ne cessais de te dire que l'esprit n'a pas d'âge. C'est pour cela aussi que ton esprit reste sans retour présent. Méconnaître le grand soin que Dieu a eu de toi n'est qu'aberration. Tu étais l'homme qui ne refusait pas toute demande en faveur de l'Amazighité et du savoir. Ta générosité dépassait toute imagination, ta disposition, ta disponibilité et ta conscience du fait amazighe étaient hors du commun.
Sans que je n'entends ta réponse, sache que la longue voie que tu as empruntée sera celle que les présentes et futures générations avec toute la détermination que cela impose. Quand on pense à notre pays, 2 images s'imposent: celle d'un peuple qui veut vivre et celle d'un pays qui continue de traîner dans l'impuissance de décoller. Ce sont 2 réalités de notre pays d'à présent, 2 situations sur lesquelles il y a lieu de s'arrêter longuement.
Mass Abderrahmane Houache, depuis que j'ai fait ta connaissance dans la fin des années 1980, je n'ai pas cessé de découvrir en toi le grand homme qui s'est mis au service des siens et ce, sans rien demander en retour, si ce n'est pas promouvoir l'Amazighe, langue, culture et littérature. Tu étais plus qu'un homme de qualité que l'on ne peut pas rencontrer aussi bien parmi ta génération ou même parmi les présentes générations. Tu étais l'homme qui a toujours déployé ses efforts afin que l'Amazighe du Mzab puisse trouver la place qui lui sied. Tous les échanges, tous les travaux que j'ai effectué avec toi me sont et me seront d'une grande utilité ainsi que d'une énorme aide constructive.
Que tout ce que tu as entrepris en faveur de Tamazight ne soit pas tombé à l'eau. Ta riche bibliothèque doit contenir des titres qui n'existent pas ailleurs, et surtout tes travaux de recherche, ayant durés des décennies, doivent plus que nécessairement, plus que vitalement être sauvegardés, voire développés davantage. Puisse mon pays connaître des hommes de la trame intellectuelle de Ba-Abderrahmane, toi l'un des fils les plus valeureux que la région du Mzab ait jamais engendrés.
Tu seras pour toujours dans le cœur de ceux et celles qui ont pris, qui prennent, qui prendront conscience de la langue-culture-littérature amazighe, une lumière éclairante et cela, afin que le devenir soit meilleur. Sache que comme tu as fait preuve d'une indéfectible résistance, notre langue amazighe résistera aux vicissitudes de l'histoire. Sache que dans notre pays, il y aura toujours des Hommes (hommes et femmes) qui, tant que le monde est monde, se battront pour un avenir meilleur, pour un devenir prospère de tout ton peuple.
Ad yerḥem Yuc Amuqṛan B-Abderraḥman N At Mẓab, ad yeǧǧ Yuc Amuqṛan B-Abderraḥman N At Mẓab s At Tǧemmi-s. Que Dieu lui réserve son Vaste Paradis.
Note:
(*) Voir l'entretien que j'ai réalisé avec lui en 2006 dans l'adresse:
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